Jacques Gautier Biographie  
 

 

 

 

JACQUES GAUTIER, UNE VIE DÉDIÉE À L'ART

Christian Dior l’avait surnommé à juste titre « son petit Picasso du bijou ». Jacques Gautier crée des bijoux-poèmes, traductions de ses rêves et de son hymne à l’Amour et à la Beauté en artiste libre et insouciant des vogues.

Jacques Gautier est né à Joinville-Le-Pont en 1924. Son père est artisan ébéniste et exerce son métier à Paris dans le faubourg Saint-Antoine. Dès l’enfance, il se révèle doué pour le dessin. C’est dans la paroisse de Fontenay-sous-Bois où vit la famille Gautier que le jeune Jacques fait une rencontre décisive en la personne de Dora Victor-Hugo, la femme du petit-fils de l’illustre écrivain. En 1938, lorsqu’un incendie ravage l’usine du père de Jacques, elle prend la famille sous son aile et plus particulièrement le jeune homme, qu’elle présente à son fils, l’orfèvre François Hugo. Jacques est alors âgé de 14 ans et doit interrompre ses études pour travailler. Il entre dans un atelier de dessin, de composition et de création pour les soyeux lyonnais, rue du 4-Septembre à Paris. Cette activité cessera à cause de la guerre. Il passe alors ses journées à la Bibliothèque Nationale à la recherche d’idées de dessins à vendre aux fabricants de céramique installés en Provence. Il sera également apprenti chez un bijoutier.


C’est à ce moment que François Hugo va jouer un rôle essentiel pour l’avenir de Jacques Gautier. Il va l’initier à l’art du bijou, plus particulièrement pour la création de boutons. Dans le sous-sol de la maison familiale, Jacques applique les conseils de ce maître-verrier, orfèvre, artiste complet, créateur de bijoux pour Schiaparelli. Il travaille nuit et jour et réalise ses premières commandes, notamment pour les fourrures Révillon. Entre 1948 et 1950, il fournira des milliers de boutons à la célèbre maison.

L’intervention de François Hugo va, cette fois encore, se révéler décisive pour Jacques Gautier :
« il faut que tu voles de tes propres ailes, je t’installe un atelier, où tu voudras, et tu démarres ta propre affaire » lui dit-il. Jacques quitte alors Fontenay-sous-Bois pour établir son premier atelier à Paris, 76 rue de Richelieu, et là, pendant dix ans, il créera des bijoux pour les couturiers Lucien Lelong, Jacques Fath, Christian Dior…


 

 

En 1947, Jacques Gautier fait la deuxième rencontre décisive de sa vie.
C’est en montant Antigone d’Anouilh avec son groupe théâtral « Le Rideau des Treize » qu’il fait la connaissance d’Andrée, son Antigone et sa muse. Elle est née en 1926, à Sofia . Sa famille est originaire de Bulgarie. Jacques l’épouse en 1949. Sa volonté de soutenir passionnément l’œuvre de son mari va conduire la jeune femme sur des chemins inattendus.
C’est elle qui va décider Jacques à créer ses premiers bijoux. Elle les présentera elle-même à Christian Dior, Marcel Rochas ou Jacques Fath et, si cet exercice s’avère plus difficile que l’enseignement de l’Histoire, elle a foi dans la supériorité du talent de son mari. À la mort de Christian Dior, le couple décide de quitter le monde de la couture. Jacques désire se consacrer à son art en toute liberté.

 

 

En 1958, au mois d’octobre, Andrée et Jacques Gautier inaugurent leur première galerie parisienne, au cœur de Saint-Germain-des-Prés, 36 rue Jacob.

Ils s’offrent un cadre digne d’une œuvre plus artistique que simplement « bijoutière », un lieu où pendant quarante-six années ils recevront un public d’esthètes, d’amateurs de belles choses, d’intellectuels, d’artistes et d’amis. Les premiers clients privés sont Max Ernst, Simone de Beauvoir, Sonia Delaunay, Nathalie Sarraute, Marguerite Duras.
Tout au long de l’année, les vernissages succèdent aux réceptions du cercle littéraire « La Tisanière », crée en 1963 et orchestré par Andrée à l’entresol au-dessus de la galerie.

Jusqu’au début des années quatre-vingt-dix, des tables rondes rassembleront de brillants orateurs, tels que Jean Lacouture, François Nourissier, Bernard Pivot, Hélène Carrère d’Encausse, Maurice Clavel, Jacqueline de Romilly…
Deux Prix sont décernés chaque année : Le Prix de l’Essai Andrée Gautier et le Prix d’Histoire Littéraire. Pour couronner ces Prix, Jacques Gautier crée des sculptures au nom évocateur de « Feuillantine ». Andrée accomplit de multiples voyages aux Etats-Unis pour faire connaître les parfums et les bijoux de Jacques.

De nombreuses expositions ont lieu en France et à l’étranger. Les principaux pays acheteurs sont l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suisse, l’Italie et les Etats-Unis. Des modèles sont créés spécialement pour Estée Lauder.

 

 

En 1962,une deuxième galerie est lancée 58 rue de Bourgogne, dans le 7ème arrondissement de Paris, en face du domicile des Gautier, situé au 59. Les bijoux y côtoient les miroirs, lampes, panneaux décoratifs et vitraux créés par Jacques. Cette nouvelle vitrine ne se dédie pas exclusivement à son œuvre car elle présente également le travail de jeunes artistes ou artisans. L’année précédente, Andrée et Jacques Gautier ont inauguré leur établissement à Courchevel, pour quelques années. Ils auront aussi une vitrine à l’hôtel Ritz, à partir de 1969 jusqu’en 1974.

En 1963, Jacques Gautier a installé son atelier, 79 rue de Seine, à deux pas de la rue Jacob. Jusqu’à la fin des années soixante, dix personnes y réaliseront ses créations, vendues dans la France entière et à l’étranger. Ses bijoux connaissent alors une grande vogue. Un pendentif porté par Françoise Hardy fait la couverture du magazine « Elle ». Il travaille pour Marc Bohan, puis pour Gérard Pipart (Chloé). En 1966, c’est de nouveau au parurier que Pierre Cardin s’adresse pour le lancement de sa première collection de bijoux pour hommes. Au cours de cette même année, il aura imaginé et créé des bijoux électroniques, des diadèmes en aluminium et émail surmontés d’un œil aux pulsations de lumière pour le « bal « April in Paris» à New-York et aussi des cœurs qui « palpitent ».

Le couple Gautier aura trois enfants : François, l’aîné, puis Laurence et Pierre-Yves. Pour fêter leurs noces d’émeraude en décembre 1989, Jacques offre à sa femme la collection « Noces d’émeraude » et associe cette pierre à son travail d’émail sur argent. La même année, pour fêter les trente années d’existence de la galerie de la rue Jacob, le lapis-lazuli pare les colliers, bracelets, boucles d’oreilles, ou les broches « pyramide » …

 

 

En 1993, le décès d’Andrée laisse Jacques Gautier dans le désarroi. Après sa disparition, il se réfugie dans son atelier de la rue Bergère. Au cours des dix années qui vont suivre, après que Gérard Pipart lui eut commandé pour Nina Ricci un ensemble de bijoux pour la collection printemps-été 1994, il va maintenant créer deux collections par an, sans cesser pour autant d’innover, notamment dans le domaine des couleurs. Ses dernières productions mettront en lumière des coloris particulièrement chatoyants issus des moutures de verre ajoutées au cristal en fusion. Nathalie Baye, Valérie Lemercier portent les bijoux de Jacques Gautier au cinéma, pour les films « Les sentiments » et « Quadrille ».

Son œuvre est consacrée par l’exposition rétrospective « Bijoux-Lumière » au Musée des Arts Décoratifs en 1999.

Cinq bijoux emblématiques sont visibles aujourd’hui dans la Galerie des Bijoux, inaugurée en juin 2004.

Jacques Gautier s’éteint le 27 octobre 2004, à l’âge de 80 ans, ayant achevé les dernières commandes pour sa galerie. Ses trois enfants, François, Laurence et Pierre-Yves entendent perpétuer son héritage et amplifier son rayonnement artistique.